Jeunesse ❖ Aldëar est née par un doux soir d’automne entre les arbres de parents elfes. Les naissances étaient devenues si rares parmi les siens qu’il fallut célébrer l’événement comme il se devait. La fillette était pleine de vive, et montra dès son plus jeune âge le signe d’une étonnante sagacité. Elle était douée pour les lettres, et amoureuses de la nature : elle passait de longues heures à escalader les branches des arbres, et à contempler le ciel, rêvant aux vieilles légendes d’antan qu’elle avait apprises par cœur à force d’entendre sa mère les lui raconter le soir. A quoi ressemblait un Valar ? Comment étaient les premiers nés ? C’étaient là les questions qui tourbillonnaient dans son esprit tandis qu’elle rêvait au second âge, et au tragique destin d’Elrond dont on lui avait si souvent narré les hauts faits.

Ce fut cette figure qui hanta ses rêves d’adolescente. Lorsqu’elle regardait son père, simple soldat qui excellait bien davantage dans le maniement des armes que dans l’élocution, bien qu’il fût très loin d’être illettré ou stupide, et sa mère, paisible copiste, pourtant originaire de la lointaine et endiablée Imladis,  qui se faisait fort d’apporter son aide à l’administration de leur communauté, on était bien loin de la lumière des Valars, et de la sagesse d’antan, bien loin des fêtes somptueuses, et des jeux féériques. La jeune elfe ne pouvait s’empêcher de deviner qu’elle idéalisait les temps jadis, cependant, le constat était bien là : beaucoup de choses s’étaient perdues sur cette Terre. Pourquoi donc les Elfes s’étaient-ils acharnés à demeurer ici où se profilait déjà leur crépuscule tandis qu’ils auraient pu chercher la lumière ailleurs ? Elle ne comprenait pas, tout comme elle ne comprenait pas ces elfes, la belle et légendaire Arwen en tête, qui avaient tourné le dos à leur héritage. Etait-ce une honte d’avoir ainsi un sang vieux et jadis illustre qui coulait dans ses veines ?

C’est en se basant sur ce modèle que la jeune demoiselle résolut très tôt d’avoir des plans de carrière. Rien de plus, rien de moins que d'exceller dans tous les domaines à sa portée d'Elfe. Ces grandes ambitions faites, il lui fallait dès lors trouver un moyen de les mettre en œuvre. Elle ne se faisait aucune illusion quant à ses aptitudes au maniement des armes, malgré les très nombreuses tentatives d’enseignement de son père, elle n’avait que peu de compétences dans le domaine. Tout au plus savait-elle jouer du poignard pour se défaire de liens ou d'un prétendant un peu trop aviné. Non, ce qui lui fallait, c'était un moyen d'acquérir une place qui la mettrait à l'abris des affres de la guerre tout en lui offrant le savoir qu'elle cherchait ardemment. Ce qui lui fallait, c'était exploiter cet oeil aiguisé pour les plantes et les choses de la natures qui avait si souvent fait l'admiration de son entourage.


L'âge de raison ❖ Aldëar aurait pu partir pour Valinor dès que l’occasion s’était présentée, toutefois, elle avait choisi de demeurer en Terre du Milieu. Pourquoi donc? Elle ne le savait pas elle même. Son sang, sans doute, était-il trop divisé: d’une part, son père, vieil Elfe qui n’avait jamais rêvé que d’Eryn Lasgalen et qui vivait paisiblement dans la somptueuse cité, priant de toute son âme pour que la paix ne cessât jamais, et, d’autre part, la bouillonnante jeunesse de fêtes, de rires et de chansons de sa mère qui lui avait transmis un goût certain pour les histoires et les chansons, qui, malgré tout, s’était rangée auprès de son époux malgré le départ des siens pour Valinor. Que devait faire la jeune Elfe? Elle n’en avait pas la moindre idée. D’une part, elle aimait la paix et la tranquillité de la vie dans cette splendide cité, d’autre parts, elle ne rêvait que d’évasion et de voyages. Plus encore, elle ne songeait qu’aux brillants mythes qui entouraient le grand Elrond, espérant, dans quelques millénaires, s’être hissé à son niveau. Cela était-il possible? Elle n’en savait rien, se questionnant beaucoup, et étudiant encore plus.

En parallèle de ses découvertes d’herboriste, elle avait acquis une renommée satisfaisante pour une jeune personne de son âge en tant que soigneuse et jardinière à ses heures perdues (le jardin en question consistant en une petite parcelle de terre non loin d’un arbre où elle aimait à s’adosser pour lire). Énigmatique, parfois en proie à de longues périodes de mélancolie, elle pouvait tout aussi bien se piquer de jeux de mots raffinés, et de chansons d’antan que demeurait silencieuse en soignant ses patients. Dans le secret de ses rêves, elle continuait d’osciller entre l’adoration pour Valinor dont elle imagine les fêtes interminanbles et les longues soirées enchanteresses, et la quiétude de sa famille à Eryn Lasgalen. Même si elle désespère de voir un autre cadre, quelque chose en elle la pousse à demeurer encore, sachant que si elle quitte ces lieux, son choix sera sans doute irrévocable!


Et l'Avenir? ❖ Des ambitions, Aldëar en a des tonnes, sans doute certaines sont-elles parfaitement accessibles, comme se perfectionner dans son art, connaître toutes les plantes, toutes les formules, toutes les histoires, aussi, des Elfes, toutes les chansons. Les anciens arts magiques des elfes l’intéressent également, si elle a commencé son apprentissage en herboristerie, elle se passionne également pour la musique, les arts, les lettres, l’un de ses souhaits serait d’apprendre à dessiner et peindre, d’ailleurs elle a entrepris de créer des pigments à partir de ce qui pousse dans les bois. Autant les nuances de vert son innombrables, autant pour le bleu, elle galère un peu!

Certaines de ses autres ambitions sont plus secrètes et encore peu clairement formulées et sans doute irréalisables : voir la mer, explorer le monde (même si elle sait bien que cela est impossible), s’entretenir avec d’autres peuples, apprendre les métiers de la forge, arriver à créer un artefact magique. S’entretenir avec le seigneur Elrond (et ériger un autel à sa gloire... ou peut-être pas pour l’autel!)

Elle sait que beaucoup de ses rêves sont impossibles à réaliser, et qu'elle est en quelque sorte "coincée" dans un âge qui ne veut plus du peuple auquel elle appartient, elle encaisse plutôt bien la nouvelle, sauf quand elle a le malheur de lever un peu le coude avec l'une de ces excellentes eaux-de-vie dont les Elfes ont le secret. Dans ces cas là, elle s'afflige de son sort, et regrette de n'être pas née dans les premiers âges! Heureusement, elle ne boit que très rarement, consciente d'être impossible à vivre dans ces cas là.

En somme, c'est une Elfe qui se pose beaucoup de questions, et aspire à de grandes choses. Elle ne sait juste pas encore dans quel domaine lesdites grandes choses sont vouées à s'accomplir! Curieuse, et rêveuse, elle oscille entre la vivacité tourbillonnante d'Imladis et la secrète réserve d'Eryn Lasgalen.